Qu'est-ce que la simulation
Principes /Définition
Même si l’utilisation de la simulation est largement répandue dans les domaines dits à risque, tel que l’aéronautique, le nucléaire ou la marine marchande, l’utilisation de cette pratique est assez récente dans le domaine de la santé.
Absence de mise en danger pour le patient
MUCHIELLI, dans la définition qu’il propose, met l’accent sur l’absence de mise en danger pour le patient et privilégie l’apprentissage de procédures. « La simulation consiste à répéter en séance, c’est à dire sans risquer les conséquences d’une erreur, les paroles, les gestes qu’il faudra maîtriser dans les situations de travail futures, c’est la technique reine de l’apprentissage de procédures complexes laissant peu de place à l’improvisation. »
Le Rapport de mission[1] sur l’État de l’art (national et international en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé), commandé par la Haute Autorité de Santé en 2012, retient la définition proposée par la Chambre des représentants des États-Unis au 111e congrès. C’est cette définition qui sera retenue car elle intègre le rôle de la simulation dans la formation des professionnels de santé :
« Le terme simulation en santé correspond à l’utilisation d’un matériel (comme un mannequin ou un simulateur procédural), de la réalité virtuelle ou d’un patient standardisé pour reproduire des situations ou des environnements de soins, dans le but d’enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et de répéter des processus, des concepts médicaux ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels »[2]
Comme on le voit dans cette définition, l’éventail des pratiques pédagogiques regroupées sous le même terme de simulation en santé est largement étendu, et regroupe un ensemble de pratiques soignantes diversifiées. De ce fait il n’est pas surprenant de retrouver un nombre important de types de simulation entrant dans la définition de simulation en santé.
[1] GRANRY, Jean Claude, et Marie -Christine MOLL. « Rapport de mission État de l’art (national et international) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé. » HAS, janvier 2012. Télechargeable sur www.has-sante.fr [2] America's authentic government information. h.r. 855 to amend the public health service act to authorize medical simulation enhancement programs, and for other purposes. 111th congress 1st session. 2009 - Traduction proposée dans le rapport simulation has.Les différents Types de simulation
- Les simulateurs haute-fidélité (« pleine échelle ») : Il s’agit de l’utilisation de mannequins grandeur nature (adulte, enfant, nourrisson) réalistes, pilotés par ordinateur simulant les fonctions respiratoire, la parole, les constantes telles que la tension artérielle, le pouls, jusqu’à la réponse aux stimuli et aux traitements pour les plus évolués.
- La simulation procédurale : Moins réaliste car se limitant à une partie du corps, elle est préférentiellement utilisée pour l’apprentissage de gestes, de procédures, actes techniques de chirurgie, d’imagerie.
- Patient standardisé ou patient simulé : Il s’agit ici de l’utilisation, non pas de mannequins, mais de patient-acteurs, de professionnels, de soignants ou de véritables malades jouant leur propre rôle afin de travailler sur des consultations simulées, des entretiens (communication à enjeu fort, annonce ou information au patient ou à l’équipe).
- La simulation hybride : Combinaison d'un patient simulé et d'une partie de mannequin comme un bassin d'accouchement, un bras pour perfusion « peau simulée ». Il associe l’avantage du réalisme avec l’impression du patient et les sensations de l’apprenant.
- La réalité virtuelle basée sur des interfaces écran : pour la simulation d’Implantation de sondes de simulation, de manipulation des instruments dans le cadre des ablations de flutter par exemple, analyse des ECG, etc…
- La simulation de masse : Il s’agit selon la définition proposée[3] de « Simulation pleine échelle à grande échelle » utilisant des patients simulés, de la simulation hybride et de haute-fidélité "
- Autres : Simulateur de vieillissement, gestion de crise en salle, «serious-game»
Intérêt de la simulation en santé
« Jamais la première fois sur le patient », cet adage bien connu dans le domaine de la simulation en santé résume à lui seul, l’énorme apport de la simulation dans le processus de formation des soignants : Un apprentissage sans risque pour le patient[4] dans un « environnement sûr et de soutien »[5].
une large potentialité formative
L’un des points essentiels de simulation est sa large potentialité formative. Outre la formation, la simulation de manière générale peut être utilisée dans le cadre de l’évaluation, de la conception d’organisation, de procédure, de protocole, et/ou rejoindre ainsi le domaine de la recherche.
[4] Ziv, Amitai & al, « Simulation-based Medical Education: An Ethical Imperative ». Academic Medicine: Journal of the Association of American Medical Colleges 78, no 8 (août 2003): 783‑788 cité par Boet, Sylvain, Jean-Claude Granry, et Georges Savoldelli. La simulation en santé: de la théorie à la pratique, 2013. [5] Van Gele, Patrick. « Pratiques probantes en simulation Aujourd’hui - demain ». Présenté à Journée Simulation en Santé, IFSI Annecy, 15 mai 2014.Notion de fidélité
La notion de fidélité en simulation en santé est largement étudiée et décrite, On définit couramment ce terme comme « le degré avec lequel la simulation imite la réalité »[6].
On oppose habituellement la simulation, dite « haute-fidélité » à la simulation dite « basse-fidélité. Dans la pratique il n’en est rien les deux niveaux de fidélité sont complémentaires et visent des objectifs pédagogiques différents.
CHINIARA, va même plus loin : « Actuellement, la majorité des articles relatifs à la simulation distinguent les simulateurs basse-fidélité qui font référence aux simulateurs procéduraux, et les simulateurs haute-fidélité qui font référence aux simulateurs synthétiques de patient ou à l’immersion clinique. Cette distinction, cependant est fallacieuse. Certains simulateurs procéduraux reproduisent, en effet, les sensations et les réactions propres à leur modèle réel de façon bien plus proche de la réalité que ne peuvent le faire les simulateurs synthétiques de patient. »[6]
On le voit même si on la qualifie de « basse » fidélité, la simulation procédurale n’a rien à envier à sa grande sœur, ni sur le plan des sensations, ni sur le plan pédagogique. Au contraire même, un excès de fidélité pourrait, comme nous le montre le schéma et la citation ci-contre, nuire à l’apprentissage.
« Les principes pédagogiques actuels favorisent l’utilisation de simulation basse fidélité pour les novices et de simulation haute-fidélité pour les experts[7].En effet, il manque souvent aux novices certaines compétences de base nécessaires à l’acquisition initiale, telles que les habiletés Visio-motrices et la représentation spatiale. Celles-ci peuvent être acquises avec un simulateur à basse fidélité. En outre, l’abondance d’éléments distractifs et surnuméraires dans une simulation à haute-fidélité peut nuire à l’apprentissage des novices et empêcher le développement de l’automaticité essentielle à l’acquisition d’habiletés plus complexes.»[6]
[6] CHINIARA, G. « Simulation médicale pour acquisition des compétences en anesthésie ». Présenté au Congrès national d’anesthésie et de réanimation 2007. Conférences d’actualisation, s. d. http://www.sfar.org/acta/dossier/archives/ca07/html/ca07_03/ca07_03.htm. [7] REZNICK RK, MacRae H. Teaching surgical skills - Changes in the wind. N Engl J Med 2006; 355 : 2664-9.Simulation et soins infirmiers
Dans le cadre de la formation par alternance, les bases théoriques sont dispensées en cours magistraux, travaux dirigés, audio-vidéo-cours ou e-laerning, alors que l’essentiel des apprentissages pratiques se fait lors des stages.
Comme nous le dit, DOUREEJAM[8], en se basant sur les travaux de PASTRÉ[9] « Ce mode d’apprentissage dans l’action facilite l’ancrage des acquisitions, notamment lorsque la pratique est poursuivie par son analyse réflexive, permettant sa conceptualisation ».
De ce constat, la simulation trouve une place judicieuse dans l’arsenal des outils pédagogiques, alliant apprentissage dans l’action, analyse réflexive et conceptualisation[8], tout ceci dans un cadre sécurisé et étique limitant ainsi l’impact des potentielles erreurs.
[8] Boet, Sylvain, Jean-Claude Granry, et Georges Savoldelli. La simulation en santé: de la théorie à la pratique, 2013. [9] PASTRÉ, Pierre. « La conceptualisation dans l’action : bilan et nouvelles perspectives ». Éducation permanente, no n° 139 (février 1999): pp. 13 35.